Famille

D’une part, le thème de la famille est exploité dans ce roman. Effectivement, la famille est un thème présent dans cette œuvre puisque le personnage principal veut rester en vie afin de prendre soin de sa fille. En effet, tout au long du livre, il est possible de remarquer que le narrateur s’inquiète pour sa famille, mais en particulier pour sa fille. Il est préoccupé du sort de sa fille lorsqu’il ne sera plus en vie:

-Oh! Vous me faites du mal, monsieur, m’a-t-elle dit.

Monsieur! il y a bientôt un an qu’elle ne m’a vu, la pauvre enfant. Elle m’a oublié, visage, parole, accent; et puis, qui me reconnaîtrait avec cette barbe, ces habits et cette pâleur? Quoi! déjà effacé de cette mémoire, la seule où j’eusse voulu vivre.(Page 70-71, Chapitre 43)

Il est possible de bien percevoir les deux accumulations : « visage, parole, accent » et « barbe, habits, pâleur », qui amplifient le sentiment d’abandon qu’il éprouve envers sa fille. Le fait que sa propre fille ne le reconnaisse pas le rend très malheureux:

Hélas! n’aimer ardemment qu’un seul être au monde, l’aimer avec tout son amour, et l’avoir devant soi, qui vous voit et vous regarde, vous parle et vous répond, et ne vous connait pas! Ne vouloir de consolation que de lui, et qu’il soit le seul qui ne sache pas qu’il vous en faut parce que vous allez mourir! […]

– Ah! vous ne savez donc pas? il est mort.[…

-Oui, monsieur, a-t-elle répondu. Il est dans la terre et dans le ciel. (Page 70, Chapitre 43)

Dans cet extrait, l’antithèse « [être] dans la terre et le ciel » met en relief deux éléments opposés pour parler de la mort, le corps est enterré, mais l’âme s’est envolée. Aussi, il y a un euphémisme qui est décrit par les mêmes mots, qui représentent la mort. Dans le même extrait, une allitération : « qui vous voit, qui vous regarde » met en évidence le regard insensible de sa fille qui le regarde, mais qui ne le reconnait aucunement. Par après, le thème de la famille est ressenti dans cette œuvre par la relation que le narrateur entretient avec sa femme. En effet, le narrateur est indifférent envers sa femme : « Pourquoi pas avec sa mère? – sa mère est malade, sa grand’mère aussi. C’est bien. » (Page 69, Chapitre 43) on perçoit bien que l’antithèse qui lie la mort à quelques choses de positif, exprime la méchanceté et l’indifférence qu’il éprouve à l’égard de sa femme. Aussi, une personnification est présente :

Ma femme ne m’inquiète pas non plus; elle est déjà d’une mauvaise santé et d’un esprit faible. Elle mourra aussi. À moins qu’elle ne devienne folle. On dit que cela fait vivre; mais du moins, l’intelligence ne souffre pas; elle dort, elle est comme morte. » (Page 20, Chapitre 9).

La présence de la personnification « l’intelligence ne souffre pas; elle dort » et la comparaison « elle est comme morte un lien qui clarifie l’indifférence qu’il éprouve envers sa femme en ne démontrant pas la moindre empathie face à sa mort. Pour finir, le thème de la famille est présent dans cette œuvre par le fait que le narrateur accorde beaucoup d’importance à sa fille et qu’il reste neutre envers sa femme.

 

Marie Desbiens, Vincent Perreault et Kelly Raymond