Foi

Tout d’abord, Le dernier jour d’un condamné, écrit par Victor Hugo, est un roman exploitant la foi. D’une part, la foi est un thème exploité dans le roman, puisque le personnage principal croit en Dieu. En effet, avant sa condamnation, le personnage principal est autorisé à voir un prêtre afin de finaliser son testament et de mourir en paix. L’auteur met en valeur la foi du personnage principal :

Nous nous sommes assis, lui [le prêtre] sur la chaise, moi sur le lit. Il m’a dit :

  • Mon fils…

Ce mot m’a ouvert le cœur. Il a continué :

  • Mon fils, croyez-vous en Dieu?
  • Oui, mon père, lui ai-je répondu.
  • Croyez-vous en la sainte église catholique, apostolique et romaine?
  • Volontiers, lui ai-je dit.
  • Mon fils, a-t-il repris, vous avez l’air de douter.

Alors il s’est mis à parler. Il a parlé longtemps; il a dit beaucoup de paroles; puis, quand il a cru avoir fini, il s’est levé et m’a regardé pour la première fois depuis le commencement de son discours, en m’interrogeant…(Page 54, chapitre XXX)

Il est remarquable que le pléonasme « il a dit beaucoup de paroles » est utilisé pour rendre explicite le long discours du prêtre. Si on ajoute, à ce pléonasme, la phrase « il a parlé longtemps », on peut également voir une redondance. Ces deux figures de style mises en ensemble ajoutent de la longueur au discours, qui au final, n’est pas vraiment significatif. Par la suite, dans la citation suivante, la foi en Dieu du personnage principal est importante : « Dieu m’est témoin que je crois en lui. Mais que ‘a-t-il dit, ce vieillard? Rien de senti, rien d’attendri, rien de pleuré, rien d’arracher de l’âme, rien qui vînt de son cœur pour aller au mien, rien qui fût de lui à moi. » (Page 55, Chapitre 30) L’anaphore qui reprend le mot « rien » représente l’indifférence ressenties à l’égard du discours du prêtre. Ensuite, il est possible de remarquer une modification ou encore une évolution face à l’espoir éprouvé par le personnage principal, sa foi en l’avenir est en constante évolution. Dans la citation suivante, il pense avoir trouvé un moyen de s’évader en échangeant ses habits avec ceux du gardien de prison :

J’aurais dédaigné de lui répondre, à cet imbécile, si une espérance folle ne m’avait pas traversé l’esprit. Dans la position désespérée où je suis, on croit par moments qu’on briserait une chaîne avec un cheveu.

  • Écoute, lui ai-je dit en faisant le comédien autant que le peut faire celui qui va mourir, je puis en effet te rendre plus riche que le roi, te faire gagner des millions. À une condition.

Il ouvrait des yeux stupides

Laquelle? laquelle? Tout pour vous plaire, mon criminel.

Au lieu de trois numéros, je t’en promets quatre. Change d’habits avec moi.

Si ce n’est que cela! s’est-il écrié en défaisant les premières agrafes de son uniforme.(Page 52, Chapitre 32)

Donc, le personnage principal tente sa chance pour une dernière fois de s’évader en prenant l’uniforme de son gardien en échange de venir lui dire les numéros chanceux de Loto après sa mort. On peut effectivement voir une antithèse et une hyperbole dans « [briser] une chaîne avec un cheveu ». Cela illustre l’opposition entre la faiblesse du narrateur contre la force du système. Cet écart est accentué par l’exagération de cette idée figurée. Cette mentalité est drastiquement changée après la rencontre du personnage principal avec sa fille :

       –  Je l’ai remise à sa bonne.

– Emportez-la

Et je suis retombé sur ma chaise, sombre, désert, désespéré. À présent ils devraient venir; la dernière fibre de mon cœur est brisée. Je suis bon pour ce qu’ils vont faire.(Page 71, Chapitre 44)

Dans cet extrait, il est facile de constater que le personnage n’a plus le moindre espoir en la vie. L’euphémisme « je suis bon pour ce qu’ils vont faire » exprime clairement qu’il n’a plus foi, puisqu’il se dit bon pour la mort. Aussi, l’accumulation « sombre, désert, désespéré » illustre l’état d’esprit du narrateur. De plus, l’hyperbole « la dernière fibre de mon cœur » exprime clairement que sa fille était tout ce qui le rattachait à la vie, et maintenant qu’elle ne le reconnait plus, il peut partir vers un autre monde. Bref, le thème de la foi est présent dans ce roman, puisque le personnage principal croit en Dieu et que l’espoir qu’il éprouvait s’est transformé au fil du temps.

Marie Desbiens, Kelly Raymond et Vincent Perreault